Persephone – Kmye Chan

Moussa Nabati est psychanalyste et psychothérapeute et auteur du livre Guérir son enfant intérieur.

Avec son expertise, il en vient à la constatation qu’en chaque personne, deux Moi co-habitent, avec plus ou moins de fluidité. Un Moi adulte qui perçoit les événements et répond dans l’Ici et Maintenant, se basant sur ses ressentis et sur les faits concrets actuels ; et le Moi enfantin, dont les ressentis sont reliés au vécu passé de l’enfance souvent relégué à l’inconscient.

Sa théorie est intéressante car elle permet de se resituer par rapport à ce Moi enfantin, qui peut, décidément, jouer bien des tours dans les relations aux autres, l’estime de soi et notre capacité à être. Plus nous avons conscience de ce qui nous anime à l’intérieur, plus nous sommes en mesure de faire des choix et d’être autonome, dans la bienveillance à l’égard de nous-mêmes, et par résonance, des autres. 

L’enfant intérieur se construit pendant l’enfance. Lorsque l’enfant est reconnu, soutenu pour ce qu’il est, il développe une estime de lui-même plutôt bonne et stable, et son moi enfantin co-habite avec son moi adulte comme sujet soutenant, créatif, joueur, joyeux. Les enfants qui ont vécu fortement le manque, ou ont été thérapeutes de leurs parents ou ont vécu bien d’autres blessures, vivent ce que l’auteur appelle une « enfance blanche ».

 » (…) une enfance non consommée, avortée, sautée, inaccomplie, inachevée, manquée, ratée, blanche. (…) Comment se dégager dès lors d’une période et d’un statut qui n’ont pas été suffisamment vécus pour pouvoir être intégrés et archivés, symboliquement dépassés? Comment se séparer, en faisant son deuil, de la petite fille ou du petit garçon que l’on n’a pas pu être pour pouvoir continuer sa croissance? » (p. 24)

Cette enfance blanche, se mue en « fantôme » qui vient se réveiller avec une fréquence plus ou moins importante dans l’Ici et Maintenant car elle n’est pas digérée. L’enfant n’a pas pu habiter pleinement son enfance car il a vécu une « dépression précoce infantile ».

« Celle-ci se produit lorsque le petit humain, impressionnable, subit une carence narcissique importante, une privation significative d’amour et de sécurité durant cette période si décisive de son existence où la chaleur et l’enveloppement constituent sa nourriture affective privilégiée. Il peut se déprimer, en premier lieu, parce qu’il s’est trouvé personnellement victime de désamour, d’abandon et de maltraitance. A d’autres moments, il a dû assister en témoin impuissant aux souffrances de ses parents, frappés par la maladie, le décès, le chômage, la perte d’un être cher, etc. Dans ces conditions, ses géniteurs, bien que physiquement présents, deviennent psychologiquement absents, voire inexistants, absorbés par leurs soucis et difficultés. L’enfant est convaincu chaque fois, en dépit des évidences, qu’il est coupable de tout ce qui arrive de négatif à lui-même et à ses proches, qu’il est donc mauvais, nocif et, par conséquent, indigne d’être aimé.  » (p.29)

Moussa Nabati traite dans son livre de différentes problématiques, notamment les relations de couple, la sexualité, la filiation, les paniques, les addictions…

Je dirais que nous avons tous, à une échelle qui est la nôtre, vécus des blessures étant enfant. Notre enfant intérieur peut donc émerger de temps en temps, avec plus ou moins d’ajustement ou d’excès. Il peut devenir un allié précieux si nous l’écoutons, et le soignons.

En prenant soin de soi, on prend soin des autres et…du monde! Vive la vie en conscience!! 

Nabati, M. (2008). Guérir son enfant intérieur. Paris : Fayard

A vos lectures et notes! 😉