Être PSYCHOLOGUE EN LIGNE : késako ?
J’ai toujours su que je ne voulais pas être psychologue salariée. Dès l’instant où je me suis inscrite à la fac, je savais que je ne voulais pas travailler en institution.
Premièrement, avoir un chef au-dessus de moi n’a jamais été ce dont je rêvais. Deuxièmement, pour avoir eu quelques psychologues dans mon entourage et donc quelques témoignages, la situation de psychologue salarié n’avait, à mon sens, (presque) rien d’attirant. Les stages dans les diverses structures que j’ai pu réaliser m’ont confortée dans cette idée. Mais ce n’est qu’à la fin de mon Master 2, que m’est apparue l’idée de la thérapie en ligne.
J’ai choisi la thérapie en ligne pour plusieurs raisons ; pour les patients mais également pour moi !
Premièrement, j’ai pu remarquer tout au long de mon cursus qu’énormément de personnes ne consultaient pas de psychologue alors qu’ils en ressentaient le besoin parce que se rendre dans une institution ou un cabinet physique n’était pas toujours envisageable, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, d’un point de vue pratique, certaines personnes porteuses de handicap, physique ou psychique, n’ont pas les capacités pour se rendre dans des institutions, même si celles-ci sont aménagées pour les personnes porteuses de handicap. Deuxièmement, consulter un psy est encore aujourd’hui grande source de stéréotypes et de préjugés en tout genre. Les gens ont encore en tête l’image que « les psys c’est pour les fous » et passer la porte d’un cabinet peut s’avérer beaucoup plus difficile qu’on ne le croit. Avec la thérapie en ligne, énormément de ces barrières peuvent être levées. Vous réalisez la consultation en tant que patient à l’endroit que vous voulez. Vous n’avez pas à vous déplacer et personne ne peut vous voir passer la porte d’un local quelconque.
De mon côté, j’ai toujours voulu voyager : être une globe-trotteuse. J’ai envie, du moins pour ces prochaines années, de pouvoir bouger et vivre un peu partout dans le monde, sans me demander si les congés que j’ai posés vont être acceptés, ou si je ne devrais pas trouver un(e) remplaçant(e) pour mon cabinet.
La thérapie en ligne me permet de réaliser mon rêve et de subvenir à mes besoins aux quatre coins du monde sans (trop) me prendre la tête.
J’ai également choisi la pratique en ligne parce que cela me permet d’être plus proche de mes patients, plus disponible pour eux. En effet, j’ai pour habitude de leur dire, dès le premier entretien, qu’ils peuvent m’envoyer un mail ou un sms si ça ne va pas pour eux pour qu’on puisse faire une séance « de crise » si je suis disponible. Il m’est déjà arrivé de faire un entretien de crise à 22h par exemple. C’est quelque chose qui est très important pour moi, et que je ne pourrais pas faire si j’étais salariée ou si j’avais un cabinet physique.
Bien sûr, la pratique en ligne comporte tout de même quelques inconvénients. En effet, la visioconférence ne permet pas de déceler aussi bien qu’en physique ce qui se passe chez le patient au niveau paraverbal et non-verbal. Ce n’est pas catastrophique, et pour ma part, j’arrive à combler ce manque d’informations implicites par des questionnements directs du type « j’ai l’impression que ça vous fait tel effet » ou « je vous sens dubitatif/perplexe/etc. » lorsque je ne suis pas sûre de bien avoir perçu ce que renvoie le patient.
De plus, les gens ont tendance à prendre cette pratique moins au sérieux qu’une pratique en présentiel. J’ai donc beaucoup plus de lapins qu’en cabinet physique, et plus de personnes qui me font part de leurs doutes quant à la fiabilité de mes interventions et à l’authenticité de ma formation et de mon diplôme.
En outre, il faut également savoir « décrocher ». Je vous parlais au-dessus de ma volonté d’être un maximum disponible pour mes patients, eh bien il me faut également mes temps pour souffler et me déconnecter de tout ça ! Ce qui, à mon sens, est beaucoup plus compliqué lorsque l’on travaille chez soi. L’avantage d’être en cabinet c’est que l’on peut « laisser » les problématiques des patients au cabinet, elles ne nous « suivent » pas chez nous.
Là mon bureau, c’est chez moi. Et le travail, c’est chez moi aussi.
Alors, il faut redoubler d’effort pour garder certains espaces vierges de tout travail et de tout patient. Pour ma part, cela passe par la déconnexion de mon téléphone portable. Lorsque je suis dans certaines pièces de mon appart, je le mets instantanément en silencieux, pour ne pas être dérangée. Et pour l’instant, cela me suffit, je ne me sens pas débordée ou trop absorbée par mon travail.
Pour ce qui est du côté technico-pratique, j’utilise l’application Zoom pour les entretiens en visio puisque c’est la seule plateforme que je connais qui crypte les conversations, pour des raisons de confidentialité. Je demande le paiement des séances avant l’entretien (via paypal ou virement bancaire) et je notifie systématiquement au patient que le rdv n’est pas validé de mon côté tant qu’il n’aura pas payé le montant de la séance. Je procède de cette façon puisqu’il m’est déjà arrivé à plusieurs reprises de poser un rdv avec des patients, et de ne plus avoir de nouvelle ensuite… Pas de paiement et bien entendu un lapin. En outre, il faut savoir gérer les problèmes de connexion et les « lagues » pendant les entretiens.
Finalement, si je ne devais donner qu’un seul conseil pour celles/ceux qui aimeraient se lancer dans cette merveilleuse pratique qu’est la thérapie en ligne, je vous dirais simplement d’être flexible et bourré de capacités d’adaptation.
Le métier de psychologue est un métier qui nécessite déjà énormément ces deux qualités, mais la pratique en ligne peut très vite amener à son tour son lot d’imprévus et de changements. C’est une pratique très particulière lorsqu’on n’a pas l’habitude mais je pense, et cela n’engage que moi, qu’elle finira par devenir indispensable dans un monde de plus en plus numérique où tout se fait désormais via nos ordinateurs et nos smartphones.