Méditons sur quelques extraits du livre de J.-P. Sartre, L’existentialisme est un humanisme.

« Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. » (p29)

En ces termes, J.-P. Sartre part du principe que l’homme est un être subjectif qui vient au monde sans préalable et qui se construit à travers ses choix et les expériences qui en découlent. Il n’y aurait donc pas de morale pré-établie pour guider l’humain. L’auteur ajoute que cette liberté condamne l’humain à être responsable de tout. Responsable de ses choix, sa vie, son oeuvre, sur un temps limité, et aussi de tous les humains, sur un temps illimité. En effet, par ses choix de vie, l’individu donne une représentation de la réalité humaine.

Ce propos peut être étayé par la citation suivante :

« Et si je veux, fait plus individuel, me marier, avoir des enfants, même si ce mariage dépend uniquement de ma situation, ou de ma passion, ou de mon désir, par là j’engage non seulement moi-même, mais l’humanité toute entière sur la voie de la monogamie. »(p33)

Alors, l’humain vit une importante angoisse, celle d’avoir sur les épaules non seulement la conscience de sa propre finitude, mais également sa responsabilité propre et unique dans la création de son chemin de vie et dans la définition (l’essence) de l’être humain.

Une pensée nous vient alors à l’esprit. L’être humain est angoissé de devoir se définir, et par là, trouver son essence. Qu’est-ce qu’un humain? Pouvez-vous répondre à cette question: pouvez-vous englober tous les humains pour en donner une définition globale?

Faisons alors un parallèle avec la profession de psychologue. Qu’est-ce qui nous définit? Un cursus commun d’apprentissages? Un Ordre? Un code de déontologie? Une approche théorique, thérapeutique? Il y autant de psychologues qu’il y a d’humains. Il ne nous semble pas qu’il y ait de « recette », de définition préalable comme pour un autre métier qui serait définit par une fiche technique à suivre à la lettre. La subjectivité est totalement engagée dans cette profession. Et en lien avec l’existentialisme, nous pouvons penser que chez le psychologue, la construction de l’identité est aussi longue. Et un psychologue, par ses actions, représente le corps de métier des psychologues.

 

Sartre, J.-P. (1996). L’existentialisme est un humanisme. Malesherbes : Gallimard.