INTERVIEW de Stephany Orain-Pelissolo


– LIVRE DISPO ICI

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivée aux choix professionnels que vous avez faits ? 


C’est grâce à la philosophie en Terminale que j’ai pris la décision de me diriger vers la psychologie. Pendant mes études, j’ai été assez frustrée de l’enseignement en psychologie, car il y avait beaucoup trop de psychanalyse et cela ne me correspondait pas. Les neurosciences me passionnaient bien plus et j’ai donc décidé, une fois mon diplôme en poche, de revenir à quelque chose de plus scientifique. C’est donc assez naturellement que je me suis tournée vers les TCC. La découverte de la méditation à été tardive, je me suis d’abord tournée vers l’EMDR. J’ai découvert la pleine conscience à la suite d’un BurnOut. Christophe André m’a toujours coaché depuis le début de mes études et un jour il m’a dit « va faire de la pleine conscience » ; ce à quoi j’ai répondu « c’est impossible, je suis hyperactive, jamais je me vois rester une heure sur un coussin avec mes pensées négatives et mes ruminations ». Il est important de garder à l’esprit que tout cela s’est passé au début de l’arrivée de la pleine conscience en France. Quand j’ai vu les effets sur moi, j’ai rapidement été convaincue de tout ce que la médiation pouvait apporter. Donc très rapidement, j’ai proposé la pleine conscience à mes patients. Au fur et à mesure m’est venue l’idée de proposer un modèle transnosographique de la souffrance en réussissant à trouver un langage qui parle à tous.


Pouvez-vous donner des conseils aux lecteurs ayant envie de commencer à méditer ? 


Il peut-être intéressant d’essayer de commencer à méditer avec les nombreuses applications de pleine conscience pour voir si cela leur correspond. Mais, il est très important d’être guidé, car la méditation est une pratique qui demande beaucoup de patience et de persévérance. La pratique régulière n’est pas évidente. Les cycles de 8 semaines proposent beaucoup de psychoéducation pour comprendre les tenants et aboutissants de cette approche. Je conseille vraiment de réaliser un cycle de 8 semaines de Pleine Conscience pour découvrir et pratiquer en groupe.


Selon vous, la thérapie de Pleine Conscience est-elle la prise en charge de l’avenir ? 


La thérapie de Pleine Conscience s’inscrit dans une multitude de prises en charge. Il faut savoir que celle-ci n’est pas curative ; on la propose aux patients lorsqu’ils sont stabilisés. Dans ma prise en charge, je continue d’utiliser par exemple l’EMDR pour retraiter des traumatismes, mais j’injecte des éléments de Pleine Conscience (comme l’ancrage dans l’instant présent) dans la prise en charge individuelle.


Un an après la sortie de votre ouvrage, quel bilan pouvez-vous faire ? 


Ce qui est intéressant, c’est qu’avant mon livre je recevais beaucoup de patients avec des troubles anxieux et/ou dépressifs. Après la publication, j’ai reçu des personnes atteintes de douleurs chroniques qui viennent me voir pour essayer de vivre avec la douleur. Je dirais donc que c’est le type de population que j’accompagne qui a changé. Je reçois des personnes motivées pour découvrir et intégrer la pleine conscience dans leur prise en charge. Les résultats concrets et bénéfiques sont très importants pour les patients et ils apprennent à vivre avec la douleur ; cela améliore considérablement leur qualité de vie.


Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la création du livre ? 


La création de mon livre à été plutôt fluide et c’est une belle aventure! Au début, j’ai beaucoup hésité parce que c’était un réflexion qui partait de ma propre clinique et non d’une recherche scientifique. Je ne me sentais pas légitime dans la publication de mes propos. Je dirais donc que ma principale difficulté, c’était moi ! Mais aujourd’hui, je ne regrette rien ; je suis très contente de l’avoir publié.


Qui vous a inspirée pour écrire ce livre ? 


Les patients m’ont poussée à écrire ! Mais Christophe André m’a toujours incitée à publier dès le départ. Ce qui m’a vraiment décidée, ce sont les attentats du 13 novembre où j’ai pris en charge beaucoup de victimes. J’ai une collègue qui est décédée au bataclan; c’est un moment où la souffrance était très présente. Ces événements m’ont renforcée dans mon envie d’écrire un livre sur la souffrance et la douleur.


C’est pour cela que vous avez choisi de débuter votre ouvrage par un texte de Nina Eghbal (présente au Café La Belle Equipe le 13 novembre 2015) ?


Oui, c’était important pour moi car c’est ça la souffrance ! Aujourd’hui, on trouve beaucoup de livres sur la Psychologie Positive de type « méditez et tout ira bien ». Je n’avais pas envie d’aller dans ce sens là. Je souhaitais être au plus prêt de la réalité et je me suis dit « ok la vie peut être sympa, mais aussi être sacrément dure ». En tant que psychologue, c’est notre réalité, car beaucoup de nos patients ont eu des vies très compliquées, remplies de souffrance. J’ai dû batailler avec l’éditrice pour qu’elle accepte de mettre ce texte dès le début de mon livre. Le ton est donc donné dès les premières pages. Ce n’est pas un livre de bien-être et de développement personnel, c’est un ouvrage qui plonge au coeur de la souffrance.


Avez-vous envie de traduire votre livre en plusieurs langues ? 


Oh oui avec plaisir, mais j’ai aussi d’autres projets : il y a un livre sur lequel je suis en train de commencer à travailler à propos de la « thérapie des schémas basée sur la Pleine Conscience ». Je continue de former les professionnels de santé à la Pleine Conscience et de mener des séminaires/retraites sur ce même thème.


Toute l’équipe de Psycogitatio remercie chaleureusement Stephany Orain Pélissolo d’avoir accepté de répondre à nos questions !


Et puisqu’on est hyper sympa chez Psycogitatio, on a eu envie de vous faire gagner 3 livres ! On vous a donc organisé un super jeu concours pour tenter de remporter un exemplaire de ce superbe ouvrage. Restez à l’affût des infos sur notre page Facebook