« C’est aujourd’hui de l’inconscient à l’œuvre dans la bande dessinée, de part et d’autres de la planche, que allons parler, en compagnie du psychanalyse Serge Tisseron.

« Tintin, c’est moi quand j’aimerais être héroïque, les Dupond, c’est moi quand je suis bête. Haddock, c’est moi quand j’ai besoin de m’extérioriser ». Ces mots prononcés par Hergé lors d’un entretien accordé à Numa Sadoul semblent mettre au jour de manière implacable la dimension psychologique, voire psychanalytique qu’entretient un auteur de Bandes dessinées avec ses personnages. Or les choses sont-elles aussi simples ? Si la ligne est claire, la démarche, elle, paraît beaucoup plus opaque. Déjà, parce que le propre d’une démarche psychanalytique est de révéler des mécanismes qui agissent de manière inconsciente, et dont, en toute rigueur, l’intéressé ne peut pas rendre raison. Le fait qu’Hergé assume l’identification avec chacun de ses personnages n’est que l’iceberg qui révèle la banquise de taille bien supérieure : si l’inconscient de l’auteur n’épuise pas l’épaisseur des personnages auxquels ils donnent le jour, comment le lecteur va-t-il en retour recevoir ce qui lui est montré de manière latente, implicite, entre les cases ? La fascination de la bande dessinée ne provient-elle pas de ce qui échappe à la succession narrative des images et du texte tout en étant créé par cet ensemble ? dans un monde où les hommes, les animaux et les objets sont faits de la matière, tracés par le même coup de crayon, le lecteur humain est décentré de son propre univers, de sa propre enfance, et contraint de reconnaître qu’il n’est pas seul au monde, loin de là. » France Culture

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