Le film The We and the I de Michel Gondry traite de l’adolescence et plus particulièrement de l’importance du groupe pendant cette période.

Le film se passe à huis clos : le bus scolaire qui ramène les lycéens chez eux. On se situe temporellement à la fin de l’année scolaire et le trajet en bus fait transition en prévision des vacances d’été.

Le film est divisé en trois parties : Les Invincibles, Le Chaos et Le Je.

On observe que le groupe sert de « garde-fou » pour certains adolescents. Il a une fonction de pare-excitation par rapport à l’extérieur mais également par rapport à son propre vécu psychique interne qui peut être très difficile à gérer et à digérer (fonction alpha de W. Bion).

On observe aussi que les interactions en groupe à l’adolescence sont colorées par la recherche identitaire qui s’exprime par une lutte constante concernant la place de chacun. L’expression pulsionnelle est également exacerbée.

Au fur et à mesure du trajet, les groupes s’émiettent, laissant les jeunes seuls avec eux-mêmes dans une dynamique introspective qui peut être vécue avec angoisse. Ainsi, un des adolescents filmés, leader de son groupe, se retrouve seul et va essayer de retrouver un support externe et interne en interagissant avec un autre jeune qu’il ne côtoie pas habituellement. Ce dernier lui renvoie sa difficulté à être seul avec lui-même, en refusant son contact. La nécessité d’une contenance externe, comme un greffon, une extension de lui-même, s’exprime chez cet adolescent qui en sortant de l’enveloppe contenante du groupe ne semble plus exister. Il se retrouve ainsi face à son état interne, avec le difficile travail de le digérer et de le comprendre.

Le film de Michel Gondry est un joli bijou sur l’adolescence, la construction de l’individualité et l’importance du groupe. Car, que l’on soit adolescent ou adulte, en groupe de pairs ou dans la société, à quel moment peut-on sortir du groupe et continuer à exister?

Bande annonce du film