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Pour cette édition exceptionnelle de «Contre-courant» consécutive aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le philosophe Alain Badiou et Aude Lancelin reçoivent Raphaël Liogier, professeur à Sciences Po Aix, auteur du «Mythe de l’islamisation» (le Seuil) et du «Complexe de Suez. Le vrai déclin français» (Le Bord de l’eau).

Raphaël Liogier remet en cause le terme de radicalisation couramment utilisé à propos des attentats de Paris. Il explique qu’il ne s’agit pas d’un retour aux racines de la religion mais qu’au contraire, les meurtriers ne sont pas instruits par les préceptes religieux, ils ne s’en revendiquent que dans un second temps.

S’en suit un questionnement sur la notion d’identité, sur les phénomènes de frustration entraînés par les vitrines de la mondialisation et le renversement des stigmates. Il décrit une géographie de la colère, qui, parfois, trouve écho dans la radicalisation religieuse.

Sa proposition, qu’il a travaillé notamment avec Fethi Benslama, intéresse le milieu de la psychologie et plus largement des sciences sociales: il propose la création d’un observatoire national des identités.
« Plutôt qu’un débat sur l’identité nationale, des cours de laïcité peu audibles, des colloques sur la déradicalisation, il faut envisager la multiplicité des identités qui traversent nos sociétés, et mettre en place un observatoire national des identités, sans se focaliser sur l’islam. Cessons de présenter systématiquement l’islam comme antisocial. Avec des chercheurs qui travaillent déjà sur ces identités plurielles, on pourrait enfin pointer les véritables problèmes sans aucun angélisme. Surveiller les mosquées est certes utile, mais à très court terme. Il faut intervenir avant, analyser les ressorts du passage à la violence. Il faudrait des enquêtes sur les relations de ces jeunes à Internet, à la pornographie, au genre, au religieux, quels sont les impacts de la mondialisation sur cette génération… Il faut mettre des moyens au service de ces nouveaux champs de recherches, les intuitions ne suffisent pas. Le jihadisme ne vient pas du communautarisme mais de la désocialisation. » (Article de Libération – C. Calvet, novembre 2015)

Vidéo « Pourquoi ceci n’est pas une guerre de religion »

Pour poursuivre avec Alain Badiou