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Bernard Stiegler, philosophe français, a pour thème de recherche les enjeux des mutations actuelles — sociales, politiques, économiques, psychologiques — dues au  développement technologique et notamment aux technologies numériques.

Fondateur du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis («Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l’esprit »), il propose à travers ce dispositif de construire une pensée critique sur les « technologies de l’esprit » (informatique, télécommunications).

Dans cet article nous est présenté son ouvrage « Dans la Disruption » dans lequel le philosophe interroge ces nouvelles technologies qui se sont invités dans notre quotidien. Il souligne la vitesse à laquelle l’information digitale circule, vitesse foudroyante, « plus rapide encore que la foudre divine », la réticulation numérique pénètre, envahit et parasite nos relations sociales, avec des effets dévastateurs : elle les « neutralise et les annihile de l’intérieur, en les prenant de vitesse et en les phagocytant », écrit Bernard Stiegler. 

Les individus sont représentés par (et donc deviendraient des?) Big Datas. Le philosophe reprend des éléments de faits divers et revient sur ces passages à l’acte meurtriers ou suicidaires que leur auteurs expliquent par la « perte du sentiment d’exister« :  « les processus d’individuation psychique et collective qui caractérisent la vie de l’esprit sont lentement mais sûrement anéantis par les industries culturelles, passées au service exclusif du marché et de l’organisation de la consommation ».

Le désir, les attentes, l’ennui, le rêve, sont autant de processus psychiques que le philosophe s’alarme de voir disparaître.

Pour lire l’article du Monde

Cet article me fait associer, je vous présente donc un roman qui accompagne bien ce thème: La zone du dehors, d’Alain DamasioCet auteur de science-fiction politique et philosophique décrit un monde dans lequel le contrôle numérique et informatisé des individus est généralisé. Dans ce monde, un petit groupe résiste et tente d’ouvrir des brèches hors de ces zones contrôlées. C’est un roman passionnant dont l’écriture se met au service du thème foucaldien abordé. L’auteur transforme les mots jusqu’à ce qu’ils veuillent dire quelque chose.

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2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Laquelle ? La nôtre.

Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution – et même au-delà, jusqu’à construire cette vie de partage, rouge, que personne ne pourra plus leur délaver.