Conférence filmée – Jean-Claude Polack, « Entre structures et processus : psychoses et conditions d’une analyse pragmatique »

Une conférence sur les liens entre Psychose et institution

Jean Claude POLACK, psychiatre et psychanalyste, auteur de l’ouvrage « Épreuves de la folie, travail psychanalytique et processus psychotiques » (Ères 2006) et directeur de la revue Chimères, a travaillé pendant une douzaine d’années aux côtés de Jean Oury et de Félix Guattari à la clinique de La Borde. Il est ici filmé lors d’une intervention autour du thème « Psychose et institution » à l’EPS Barthélémy Durand d’Étampes.

Jean-Claude Polack aborde dans cette conférence la question du dispositif, qu’il met au premier plan dans le traitement des psychoses: dans quelles circonstances rencontre-t-on le patient? Dans quel décor? Dans quel rapport de force – si on prend un angle sociologique comme l’a fait Robert Castel (Le psychanalysme : l’ordre psychanalytique et le pouvoir, Éditions Maspero, Paris, 1973)?

Il reprend le constat selon lequel la règle de la chronicité s’applique aux lieux qui accueillent beaucoup de patients psychotiques; et rappelle l’idée de Tosquelles selon laquelle un établissement de soin est toujours pathogène, quelque soient les dispositifs mis en place. En ce sens, on ne peut analyser l’hôpital comme une société: la question de l’ouverture sur l’extérieur et la mise au travail qui redonneraient vie et activités aux hôpitaux n’élude pas la dimension de chronicité.

A la suite de Tosquelles, Jean Oury différencie l’aliénation mentale d’un côté de l’aliénation sociale de l’autre – notion qu’il tire de la lecture de Marx. L’une ne va pas sans l’autre: les soignants sont particulièrement victimes de l’aliénation sociale, tandis que les soignés seraient plus particulièrement touchés par l’aliénation mentale. Les soignants, en effet, ont un Moi Idéal, ils se prennent pour, ils nagent dans l’imaginaire, nous explique Jean-Claude Polack. « Si on se prend pour un soignant, il n’y a aucune raison que le malade ne se prenne pas pour un malade. »

Le psychiatre et psychanalyste aborde ensuite la différence de deux postulats qui orientent la posture clinique des soignants. Il différencie ainsi la question de la maladie psychique appréhendée comme une structure, de l’appréhension de celle-ci en terme de processus. Il reprend la notion de « déterritorialisation » apportée par Gilles Deleuze et Félix Guattari en lien avec cette question de processus. Cette notion en effet caractérise une « immanence de quelque chose qui n’arrête pas de bouger et qui éloigne des territorialités réduites« , telles que la famille, le pays, etc. Deleuze et Guattari analysent en terme de subjectivité singulière et de processus historiques et sociétaux. Ainsi, dans leurs ouvrages, ils font le lien entre Capitalisme et Schizophrénie: la subjectivité, prise dans ce mouvement plus large de déterritorialisation, évolue dans le même sens que l’histoire dont le mouvement de déterritorialisation a été exacerbé par le capitalisme.

 

 

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