LES ETUDIANT-E-S (en psychologie) FACE AU COVID-19
Les Universités ayant été les premiers établissements à fermer leur porte, il a fallu très tôt s’organiser pour continuer de dispenser des cours. La mise en place du e-learning s’est alors imposée comme la solution « idéale » pour assurer la continuité des enseignements. L’arrêt des stages et les modifications de modalités des examens ont alors cristallisé de nombreuses angoisses chez les étudiants.
Pour mieux comprendre en quoi le confinement (mis en place depuis 3 semaines à l’heure où nous rédigeons cet article), a un impact sur la vie étudiante, nous avons recueilli plusieurs témoignages d’étudiants en psychologie (car Psycogitatio c’est avant tout un blog de psycho!), en licence et master dans différentes universités de France. Ces très nombreux témoignages (recueillis via Instagram) nous ont permis de mettre en lumière les différentes problématiques, mais aussi les solutions et les stratégies d’adaptation, qui peuvent émerger en cette période si singulière…
Premier constat :
Les professeurs sont autant désarmés que les étudiants
Alexandra, étudiante en L3, ressent que ses professeurs sont aussi perdus que les étudiants : » Je vois bien que les profs font de leur mieux… Mais, ils ont l’air aussi perdu que nous ! C’est stressant car on ne peut pas se raccrocher à une demande explicite de leur part ». Florine, également étudiante en L3, ajoute que « les enseignants envoient au compte-gouttes les cours ! Certains peinent à utiliser l’environnement numérique, mais nous arrivons assez bien à communiquer ».
Interrogé, un professeur d’Université raconte que « quasiment du jour au lendemain, il a fallu s’organiser pour assurer la continuité de l’enseignement. Nous devons maîtriser différents moyens de communication dans des délais très courts. J’ai conscience que cela est angoissant du côté des étudiants mais sachez que les directives sont floues de notre côté également. Pour ma part, j’envoie les CM chaque lundi pour que l’étudiant puisse le travailler dans la semaine et propose un TD (en petit groupe) pour répondre aux questions des étudiants. Ce TD tourne vite à la supervision, voire à un soutien psychologique car l’attente anxieuse des étudiants est massive. Malheureusement j’ai peu d’informations à leur transmettre sur les modalités d’examen par exemple. Cela me frustre autant qu’eux ! ».
Thibault, étudiant en M1, conclut « nous sommes livrés à nous-même, l’université nous lâche dans la nature ; entre le mémoire à écrire, les heures de stages à faire, les cours à apprendre, les partiels à réviser… tout s’enchaîne sans que nous sachions quelle direction prendre! ».
Deuxième constat :
L’arrêt du stage est source de stress !
Confinement oblige, les stagiaires-psychologues ont été priés de quitter leur lieu de stage. Bon nombre d’étudiants n’ayant pas fini (voir pas commencé) leur stage se retrouve dans une situation aussi inconfortable que stressante, comme nous explique Jordan, étudiant en M2 : « après moult péripéties, j’avais enfin trouvé mon stage final que je devais commencer le 16 mars. Ce stage, au-delà d’être déterminant pour l’obtention du diplôme de psychologue, est très important pour enrichir ma pratique clinique. Je misais beaucoup sur ce stage ; la déception est immense et j’ai peur que cela me pénalise pour la validation de ma dernière année ».
Maria, étudiante en L3, insiste sur l’importance du stage en licence dans la sélection en master : « à cause des gréves des transports, je n’ai pas pu réaliser en décembre à Paris. Ma tutrice de stage a eu la gentillesse d’accepter que je réalise mes 100 heures de stage en mars, cependant avec la pandémie, ce dernier à été annulé après seulement quelques jours de présence. Je suis très angoissée pour la sélection car c’est un critère important au même titre que le TER. C’est certain que je vais être pénalisée comme beaucoup d’étudiants qui passent la sélection pour entrer en Master cette année ».
Troisième et dernier constat :
Tout semble remis en question : Modalités d’examens, candidatures en Master, obtention du diplôme…
Nadia, étudiante en M2, décrit une période anxiogène : « nous devions soutenir en juin mais cela va peut-être être décalé à la rentrée. C’est dur parce que nous avons forcément envie d’en finir au bout de 5 ans d’études, d’être enfin diplômés!«
Maëva, étudiante en L1, nous confie que pour le moment, ses partiels sont annulés : « cela fait peur car on ne sait pas comment vont se passer les partiels et les contrôles continus ». Alexandra, étudiante en L3, poursuit : « les examens sont repoussés fin mai, ce qui va sûrement compliquer les choses quant aux candidatures de Master. Nous n’aurons pas nos notes définitives, nous ne savons même pas quand et si les entretiens de sélection en Master auront lieu ». Maryne, également en L3, ajoute que cette période est très stressante : » j’attends une promesse de stage pour la sélection en M1, seulement c’est extrêmement délicat de demander ce genre de chose à une institution qui se bat jours et nuits pour sauver ses patients atteints du COVID-19. D’un côté, ça me met profondément mal à l’aise, mais d’un autre côté, j’ai la pression des candidatures. S’ajoute à ça, le fait que nous ignorons encore les modalités d’examens, ce qui ne nous permet pas d’adapter au mieux nos révisions« .
Samir, étudiant en M2, raconte « les chances d’être diplômé en Juin sont très minces ! Par conséquent, je ne pourrai trouver un emploi en tant que psychologue qu’à la rentrée… cet été, je vais donc faire un job étudiant alors que je suis censé être diplômé. C’est frustrant et injuste, même si je sais qu’il y a bien plus grave durant la pandémie ; le confinement attise le stress et la colère face à cette situation« .
Et si l’organisation était la solution pour surmonter le confinement ?
Geoffrey, étudiant en M1 et papa de 3 enfants insiste sur la nécessité d’être organisé dans son travail : » travailler à la maison impose un nouveau rythme, une nouvelle manière de faire qui impacte toute la dynamique familiale. Je suis habitué au e-larning car je réalise mon master à distance, mais habituellement mes enfants sont à l’école! Ma conjointe est soignante ; elle est en première ligne pendant que je suis à la maison à bosser mes cours et donc à être présent pour nos enfants. Si je ne suis pas organisé dans mes recherches, je ne peux rien apprendre, rien mémoriser, je prends du retard et le stress augmente. J’ai pris conscience avec le confinement que vie de famille et télétravail sont plus difficilement conciliables que prévu! Être scrupuleux en travaillant ses cours ne fait pas tout, il faut aussi prévoir des moments OFF pour se ressourcer. C’est cependant important de bloquer des créneaux précis dans son planning pour ces moments détente, car sinon je tombe vite dans le « Netflix & Chill » qui peut avoir des répercussions désastreuses sur ma motivation ».
Léa_glct (étudiante en Master 1 et youtubeuse qui propose notamment un guide de révision gratuit en pdf) nous décrit en détails comment elle s’organise au quotidien pour travailler ses cours à domicile : « J’ai tendance à avoir une organisation très précise et à la fois très changeante (to do list, semainier, agenda électronique et papier, calendrier mensuel, etc…). J’utilise toujours plusieurs supports pour m’organiser. Dès l’annonce du confinement, j’étais enchantée à l’idée de pouvoir rester à la maison, me disant que j’allais gagner du temps et m’avancer un maximum au niveau des cours ! Actuellement, je remarque que cette idée est plutôt néfaste sur le plan psychologique. L’opportunité de pouvoir avancer me tient trop à cœur ; j’essaie chaque jour de me surpasser en bossant parfois jusqu’à 1h du matin. C’est la seule façon pour diminuer mon anxiété de performance. L’irritabilité est assez présente et je remarque aussi que j’ai tendance à diminuer tout un tas d’autres activités (lecture, yoga, sport) au détriment des révisions… Cela fait maintenant plus de 2 semaines que je suis confinée et j’ai pris conscience de mon état il y a quelques jours, c’est pourquoi chaque jour je m’efforce de revoir mon organisation pour inclure au moins un divertissement (regarder une série ou faire une séance de sport par exemple) ».
L’e-learning est-il une solution idéale ou une expérience négative ?
Raphaël, étudiant en L1, pointe les aspects négatifs du e-learning en temps de confinement :
- Nous sommes obligés de travailler à domicile, ce n’est pas un choix ! Quand on a l’habitude d’apprendre à la BU ou dans des espaces de co-working, c’est difficile de pouvoir travailler chez soi (en famille ou tout seul!).
- Les supports de cours ne correspondent pas à tout les étudiants : vidéo, audio, powerpoint… autant de supports qui peuvent ne pas être bénéfiques pour chaque étudiant !
- Socialement, cela peut être rude ! Du jour au lendemain, on quitte le campus (les amphithéâtres, la cafétéria, le RU et la BU), c’est important de conserver un lien via les réseaux sociaux mais ce n’est quand même pas pareil (heureusement c’est temporaire!)
- Les conférences en ligne via différentes plateformes (comme Zoom ou Microsoft Teams) sont dépendants de la qualité de la wifi. Les échanges peuvent être ponctués de bugs, de latence, parfois même rupture de connexion.
- Les modalités d’examen en ligne sont radicalement différentes de celles en présentielle : cela ne permet pas de garantir l’égalité de traitement entre les candidats et on peut tricher ! Adieu les partiels sur table, dites bonjour aux oraux par Skype et aux DM avec le manuel sur les genoux.
Cependant, Maryne, étudiante en L3, estime que les cours en ligne lui permettent de consacrer plus de temps à la lecture, à la rédaction de ses rapports, mais aussi aux candidatures pour les Masters. Florine, également en troisème année de licence, explique rattraper son retard et même prendre de l’avance sur le programme.
Jessica, étudiante en M1, développe les points positifs du e-learning :
L’e-learning permet :
- de perdre moins de temps (pas de temps de transport par exemple)
- de pouvoir s’organiser à sa guise (attention c’est à double tranchant!)
- d’essayer de nouvelles méthodes de travail
- de se reposer… Et pouvoir faire autre chose que de la psycho!
- de créer un groupe de travail (en travaillant avec des amis pour se motiver ensemble et fixer des objectifs communs).
Nadou, étudiante en L2, en déduit que l’e-learning est subi par beaucoup d’étudiants, mais que cela permet malgré tout de poursuivre ses études dans les meilleures conditions possibles en temps de confinement : « ce n’est certainement pas la solution idéale, mais nous ne sommes pas les plus à plaindre dans cette pandémie mondiale. Il faut positiver et tester de nouvelles méthodes d’apprentissages pour ne pas perdre le fil de ses études. Personne n’était préparé au confinement, encore moins les universités !« .
Les conseils de la rédaction
Les blogueuses de Psycogitatio se mobilisent pour vous aider durant cette période difficile. Pour mieux gérer le stress, les galères d’étudiants et les problèmes d’organisation, voici nos 5 conseils de psy :
S’essayer aux pratiques psychocorporelles pour lutter contre le stress et développer ses compétences en découvrant :
- la cohérence cardiaque avec l’application gratuite : Respirelax+
- la méditation avec l’application 7Mind (dont on va reparler dans un prochain article qui arrive très bientôt…)
- l’auto-hypnose en apprenant avec les vidéos Youtube de l’ARCHE
- sans oublier la sophrologie, le yoga, le chi-gong…
Se fixer des objectifs et se challenger positivement en créant un « bullet journal » ou en utilisant un planificateur de bien-être en ligne comme Owaves.
Travailler son projet professionnel en mettant à jour son CV, en faisant du bénévolat, en lisant des bouquins de vulgarisation (pour apprendre à parler simplement à vos futurs patients en mettant un temps de côté le jargon psycho), et en se formant en ligne grâce aux MOOC gratuits et à divers instituts de formation comme Asadis.
Offre réservée aux Étudiants!
La formation en ligne en accès libre grâce au code PSYCOADDICT s’intitule : Les addictions : ce que tout clinicien doit savoir. Pour la formation gratuite, ne mettez pas votre code de carte bleue! Entrez juste le code promo 😉
Rester en contact avec son Université pour être au courant des dispositifs d’aides d’urgence à votre disposition. L’aide sociale d’urgence permet entre autres de pallier l’arrêt brutal de revenus de certains étudiants, en attribuant (sur dossier) des aides financières. En période de confinement, des permanences d’écoute nocturnes sont également mises en place, comme NightLine pour lutter contre la détresse psychologique des étudiants.
Être un-e étudiant-e « connecté-e à bon escient » en rejoignant (ou créant!) un groupe d’entraide en ligne entre étudiants de la même promo, en utilisant le hashtag #studygram pour partager ses méthodes de travail sur les réseaux, et en se protégeant des informations anxiogènes qui circulent partout et tout le temps sur le net.