« Article invité » rédigé par Julie du Blog Psycho&Co

Pour commencer, une petite présentation s’impose :


Je m’appelle Julie, je suis psychologue clinicienne diplômée depuis 2017 ; je travaille dans un service de psychiatrie, plus précisément dans une unité qui accueille des adolescents et des jeunes adultes ainsi que des femmes dans un contexte de périnatalité. J’ai également un temps de mon travail qui est dédié à la recherche auprès de patients souffrant de schizophrénie. Passionnée par mon métier, j’ai créé mon blog afin que la profession de psychologue soit plus visible et accessible à tous ceux qui s’intéressent à la psychologie. Avec mon blog, j’ai envie de vous embarquer avec moi dans mon quotidien, sur mes ressentis de jeune psy en psychiatrie, sur mes sorties psycho et sur les livres que j’ai dévorés ou qui m’accompagnent dans mon boulot, mais aussi d’informer sur les pathologies psychiatriques qui sont encore beaucoup trop stigmatisées. L’idée est vraiment de promouvoir et de casser les idées reçues sur cette discipline passionnante !  


Il y a quelque mois, j’ai eu l’idée de créer un petit questionnaire sur l’image que le public avait du psychologue en 2019. Cette initiative m’est venue à la suite de remarques que j’ai pu entendre et qui perdurent déjà depuis de longues années, sans pour autant avoir l’air d’avoir évolué. Étant jeune psychologue et passionnée par mon métier ; à la longue ce genre de remarque peut parfois peser et jouer dans le syndrome de l’imposteur. Ce qui est d’autant plus frustrant, c’est que la plupart du temps, ceci est dû à un manque d’information. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai voulu créer mon blog : rendre accessible la psychologie à qui s’y intéresse et dé-stigmatiser le métier de psychologue. Car non ! Un psychologue n’est pas juste « assis toute la journée à écouter ». Non ! Un
psychologue ne lit pas dans vos pensées et ne vous analyse pas à la moindre occasion.


Eh Oui ! Un psychologue est un être humain comme les autres qui ressent aussi peur, souffrance et colère !


A l’heure où le bien-être devient un commerce avec tous ces « nouveaux psys » ou « experts bien-être » qui émergent avec des formations très courtes et vous promettent de retrouver le bonheur en 10 leçons ; le psychologue peut être associé à ces professionnels et de ce fait ne pas être pris au sérieux. Il m’a donc semblé important de faire un point sur ce que le public peut percevoir de nous encore à l’heure actuelle et ce que nous pouvons leur répondre. C’est pourquoi, avec cet article, j’ai demandé à certains de mes collègues de répondre aux idées reçues dont nous sommes encore victimes et qui dans certains cas empêchent la personne d’aller vers les soins. J’invite également mes autres collègues à fournir des réponses aux différents résultats que je vais leur présenter. Au total 122 personnes ont participé à ce questionnaire.


Pour la première question, j’ai dressé une liste des remarques que l’on peut entendre à propos du métier de psychologue. Les participants devaient cocher l’affirmation qui était la plus proche de leur pensée à propos du métier de psychologue. Afin que cet article soit le plus complet possible, j’ai soumis ces résultats à quelques collègues afin qu’ils puissent réagir. Les principales affirmations sont :


« Ils analysent au moindre mot » à 58.9%


« Le plus souvent un mot n’est rien qu’un mot. Il n’a pas forcément un sens caché. Le meilleur moyen de se tromper sur quelqu’un c’est de « l’analyser ». Et puis un plombier ne vérifie pas la plomberie partout où il passe, un psychologue c’est pareil, il ne décrypte pas les comportements de toutes les personnes qu’il croise », Estelle, psychologue clinicienne.


« ça dépend ce qu’on veut dire par analyser. Si c’est interpréter, clairement c’est non. A minima, ce n’est pas mon cas. Par contre, si c’est : en faire une information sur le fonctionnement du patient, là oui. Ça reste non si c’est pour penser que l’on fait ça dans la vie de tous les jours. Nous aussi on a le droit d’avoir des weekends et d’arrêter de noter tout ce qu’on nous dit (je vote pour le droit de ne pas être attentive parfois), de communiquer correctement (oui, parfois je m’énerve et j’accuse les autres) et de gérer nos émotions (il m’arrive de sortir de mes gonds et d’entrer dans
des jeux psychologiques) », Catherine_la_psy (instagram).


« Voir un psychologue c’est cher pour ce que c’est » à 32.2%


« Tout dépend par rapport à quoi on compare le prix. Souvent on pense que ça l’est surtout parce que l’on compare avec des professions remboursées, Alors que si on regarde un médecin qui prend 25€ chaque quart d’heure, il prend plus cher que la plupart d’entre nous. Le psychiatre va faire payer souvent plus cher que le psychologue pour moins de temps de consultation. Seulement, c’est beaucoup moins cher pour le patient. Personnellement je pense que le métier de psychologue est un métier difficile (car non, on ne dort pas derrière un patient qui parle) et les séances sont longues (45min minimum) donc ça vaut le prix demandé. Les ostéos ont des gammes de prix similaires aux nôtres, les naturopathes aussi. Si cela rend plus serein pour les 40 prochaines années ça ne me paraît pas si cher que ça. C’est même parfois moins cher que certains plaisirs que l’on s’offre et qui ne nous rendent pas plus heureux », Catherine_la_psy (instagram)


« Aller voir un psychologue c’est un aveu de faiblesse » à 11.1%


« Du coup, j’ai envie de vous demander : est ce que voir un cardiologue lorsque l’on a un problème cardiaque est un aveu de faiblesse ? », Lapsyquiparle (instagram)


« Pourquoi faire toutes ces études ? Au final il faut juste écouter les gens » à 10%.


En ce qui concerne la 5e affirmation, je me permets de répondre en partageant le très bon article d’une collègue (cliquez ici pour le lire!)


Lorsque je vois ces résultats, je ne peux m’empêcher de voir que ce sont toujours les mêmes idées reçues qui persistent ; un manque d’information à la fois sur le cursus en psychologie et sur les missions du psychologue.


La prochaine question était « faites-vous-vous la différence entre psychiatre et psychologue ? » 15.7% ont répondu « non ». Personnellement, c’est une des premières choses que j’explique à mes petits patients lorsque je me présente, afin qu’ils puissent mieux se représenter les missions de chacun, car même si nos métiers sont complémentaires nous n’avons pas les même outils.


Lorsque l’on continue sur les questions sur les différences, on y trouve des résultats qui demandent qu’on s’y attarde. 64.8% des personnes qui ont répondu à ce questionnaire ne connaissent pas la différence entre psychopraticiens et psychologue. Par ailleurs, même si la majorité connaît la différence entre ces deux professions, il reste 14.8% de personnes qui ne distinguent pas la profession de coach de vie et celle de psychologue. Ce qui m’amène au résultat suivant : 32% des personnes qui ont répondu à ce questionnaire ne savaient pas que le titre de psychologue était un titre protégé par l’Etat comme peut l’être celui d’infirmière, de kiné ou de médecin par exemple. En ce qui concerne le titre de psychopraticien, il vient remplacer celui de psychothérapeute après que celui-ci fut protégé, c’est une personne qui n’est pas passé par un le cursus universitaire classique pour prétendre au titre de psychologue. Nous n’avons pas non plus les mêmes missions avec un coach de vie dont la pratique s’apparente plus à du développement personnel qu’à de la psychothérapie (qui est une forme de soin).


C’est d’ailleurs une question qui est revenue dans le questionnaire : quelle est la différence entre développement personnel et psychothérapie ? 39,2 % des personnes qui ont répondu au questionnaire n’en ont aucune idée. Comme dit précédemment, la psychothérapie est une forme de soin qui se fait avec un professionnel formé et qui a un titre protégé (bien que l’exercice de la psychothérapie ne soit pas encore protégé, il est important de souligner qu’il s’agit de soins psychologiques qui nécessitent une formation longue et pratique). Le développement personnel peut se faire seul, car globalement quelqu’un qui souhaite entamer un travail de développement personnel va bien, mais souhaite développer son bien-être, ses compétences et ses qualités, ce n’est donc pas du soin à proprement parler.


Trouver un psychologue/psychothérapeute est difficile. Surtout que parfois, nous ne savons pas toujours à quoi nous attendre. Est-ce que je vais m’allonger et parler ? Est-ce qu’il va me répondre ou rester silencieux pendant une heure ? Si je vous parle de cela, c’est parce que le grand public associe encore la psychothérapie à la psychanalyse, plus précisément à la cure analytique. 52.9% ne savaient pas qu’il existait d’autres formes de psychothérapie. Ce qui est important à souligner car évidemment chacun va fonctionner différemment et aura donc besoin d’un accompagnement différent.


Enfin, concernant les études de psychologie, le psychologue doit valider une licence (3 ans) + un Master (2 ans) pour faire usage de son titre. Ces enseignements sont divers et lors de la question suivante : Saviez-vous que la biologie, la neurobiologie, la neuroanatomie, les maths et dans certaines fac, la psychopharmacologie (étude des médicaments et de leurs effets) étaient étudiées en psychologie ? 41,8 % ont répondu non. Ce qui peut renforcer l’image que certaines personnes peuvent avoir du psychologue : c’est-à-dire quelqu’un qui ne pratique que l’analyse et dont la profession est assez éloignée de la sphère scientifique et médicale.


Pour conclure cet article ; il me semble évident que les données que j’ai pu récoltées reflètent le (très) gros manque d’information qu’il y a à propos du métier de psychologue et de son cursus. Peut-être que nous avons gardé une certaine réserve à nous dévoiler depuis plusieurs années, mais il me semble que de nos jours beaucoup de psychologues veulent se rendre accessibles afin de dé-stigmatiser le métier. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu créer mon blog et je pense qu’il en est de même pour mes collègues actifs sur les réseaux sociaux. Certaines idées reçues résisteront sûrement encore quelques années mais c’est notre rôle de diffuser l’information quant à notre utilité auprès des patients. Une personne informée, c’est une personne qui peut en conseiller une autre pour aller vers les soins !


Petit récapitulatif des principales affirmations ; qu’en pensez-vous ?


Pour rappel 122 personnes ont participé et parfois répondu « oui » à plusieurs affirmations.
Merci Julie pour cet article 😉