Cet article a été réalisé sur la base de huit témoignages de psychologues diplômés en 2018.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il nous a semblé important de nous intéresser au vécu de la sélection en master 2 (à présent la sélection a lieu à la fin de la licence pour rentrer en master, mais il y a encore un an c’était bien différent…). 


Une sélection en master « angoissante mais nécessaire » 


La majorité des jeunes diplômés ont mal vécu la sélection comme en témoigne Morgane « La tension entre les étudiants pour la sélection était importante ! Je m’attendais à une année plus calme du fait d’avoir passé la sélection… mais non ! Ça a été très difficile de se projeter dans la vie professionnelle vu les obstacles de la formation universitaire (mémoire, stage, partiels) ». 


Théo raconte « J’étais évidemment soumis à la pression que la sélection induisait et j’étais donc angoissé par la situation, mais je l’ai toujours trouvé justifiée, cruelle mais malheureusement nécessaire pour réguler un peu la situation du marché de l’emploi en psychologie qui est aujourd’hui saturé… ».  


Lucie confirme également que « la sélection est stressante mais elle me semble nécessaire. Sur le moment on subit la sélection mais une fois psychologue on se rend compte que c’est important pour diplômer uniquement des professionnels ayant une réflexion théorico-clinique s’inscrivant dans une éthique et une déontologie solide ».


Une recherche d’emploi « compliquée mais pas impossible » 


Concernant la recherche d’emploi, certains ont cherché du travail dès leur diplôme en poche comme poursuit Lucie « Avant mon diplôme, c’était difficile de me projeter mais une fois diplômée psychologue, j’ai envoyé des CV partout ! J’avais peur de laisser passer une occasion si je ne postulais pas dès le mois de juillet ». 


Cependant, la majorité des interviewés ont fait le choix de « souffler avant de chercher du travail » comme Alexandre : « J’ai eu besoin de faire un break entre la fin de mes études et le début de ma vie professionnelle, je suis parti en séjour linguistique un mois en Australie et j’ai ensuite cumulé les petits boulots avant de réellement chercher un poste de psychologue ». Romane raconte également comment elle a décidé de  prendre une pause et du temps pour elle pendant le mois de septembre avant de chercher un emploi : « J’ai réellement commencé mes recherches en octobre/novembre. Je souhaitais dans un premier temps viser les structures et institutions qui me plaisaient le plus et j’ai par conséquent envoyé des candidatures spontanées ». 


Pour trouver un poste, les jeunes diplômés ont majoritairement utilisé leur carnet d’adresses comme nous explique Lucie : « Grâce à mes nombreux stages, j’ai pu réseauter et savoir où et quand les postes se libéraient dans ma ville. J’envoyais ma candidature dès que mes contacts me confirmaient qu’une structure recherchait un psychologue ». 


Les réseaux sociaux détiennent la palme d’or pour la recherche d’emploi comme explique Théo : « J’ai commencé par consulter quotidiennement plusieurs plateformes de recherche d’emploi (Pôle Emploi, Indeed, LinkedIn, KelJob, MeteoJob… ». Alexandre nous raconte qu’il a trouvé son « premier poste de psychologue via une annonce sur un groupe Facebook. J’ai même postulé via Messenger et eu un entretien d’embauche par Skype ! ».


 Des temps pleins pas si rares, mais beaucoup de CDD ! 


50% des interviewés ont un emploi à temps plein comme Armande qui a obtenu un poste de psychologue à « temps plein dans le Pôle Infanto Juvénile (P.I.J.) d’un établissement public de santé mentale avec la répartition suivante : 60% en C.M.P.E.A. et 40% en Unité d’Hospitalisation pour Adolescents (U.H.A.) ». Elise a également obtenu un « CDD à temps plein en tant que Psychologue de la FPH en psychiatrie adulte ». 


30% des psychologues ayant répondu à notre enquête ont un statut mixte (salarié + activité en libéral) comme Morgane : « J’occupe un mi-temps en crèche municipale (CDD 1 an renouvelable, contrat vacataire) et je me suis installée en libéral dans deux cabinets (1 jour / semaine et 1⁄2 jour semaine) ». Lucie explique avoir décidé de s’installer « 3 jours/semaine en libéral pour compléter mon 40% en EHPAD ». 


La mobilité et la polyvalence : clef de l’insertion professionnelle 


90% des jeunes diplômés ont cherché du travail à plus d’une 1h30 de trajet de leur domicile, et la majorité ont décroché un emploi à plus de 40 minutes de chez eux, dans des secteurs qui ne sont pas toujours en lien avec leur expérience de stages. Cependant, comme nous explique Romane, « le plus important est de savoir si on s’en sent capable. Il ne faut pas oublier que peu importe la spécialité, nous sommes tous psychologues, la priorité est de savoir si on se sent capable de travailler avec tel ou tel type de population selon notre formation et si nous sommes prêt à nous former à d’autres approches et développer nos connaissances en accord avec les structures ». Lucie confie : « J’ai candidaté à un poste de neuropsychologue alors que j’ai un master en psychologie de la santé. L’essentiel est d’être intéressé par la structure et la population, même si les employeurs sont malheureusement encore trop souvent figés dans les spécialités comme neuropsychologie ou psychologue du travail ». 


Les stages en Master permettent d’obtenir un emploi 


50% des interviewés ont obtenu un poste sur un ancien lieu de stage comme témoigne Armande : « Je faisais déjà partie de la structure (en tant que stagiaire) pour laquelle je postulais. J’ai été en partie recommandée par ma tutrice de stage ». Morgane confirme : « mon stage en M1 a donné lieu à mon poste en M2 et à mon poste actuel avec lequel je continue d’avoir des perspectives d’évolution ». 


Concernant les formations complémentaires post master, les jeunes diplômés déplorent les prix exorbitants des formations privées et des diplômes universitaires. Pour continuer de se former, la majorité participent à des colloques, séminaires et café-débats comme raconte Romane : « Je me rends à beaucoup de conférences, séminaires, colloques, café-psy, échanges, formations gratuites … Mais tout cela sur mon temps libre et à moindre coût. Je souhaiterais pouvoir participer à des formations et des DU mais je n’en ai pas les moyens actuellement ». 


Les formations en systémie et en hypnose ont le vent en poupe : 


Morgane a entamé une formation de thérapie familiale et conjugale à l’APRTF en janvier 2017 (mi M2). Et Lucie a commencé un DU d’hypnose à l’Université ; « c’est un outil formidable sans lequel je ne serais pas la même thérapeute. L’université nous lâche dans la nature sans outil… A nous de trouver ceux qui nous correspondent. De plus, les formations complémentaires étoffent notre CV et plaisent beaucoup aux recruteurs ». 


Supervision ou Intervision ?


Morgane explique avoir créé son propre groupe d’Intervision en septembre dernier : « Les avantages sont très importants : soutien professionnel, augmentation de mes connaissances psychopathologie, échange et progression… ».  


Romane confie participer à des séances d’« Intervision de manière plus ou moins régulière (1 fois par mois si possible) avec 4 anciens camarades de promotion. Je souhaiterais à l’avenir avoir en plus une supervision personnelle mais le problème de moyens est toujours présent. L’Intervision m’aide à prendre du recul sur ma pratique, à me sentir soutenue, aidée et conseillée. J’aime aussi apporter des conseils et de la réflexion sur des situations que je ne connais pas mais qui peuvent faire écho dans ma pratique à l’avenir ». 


Cependant, la grande majorité des jeunes diplômés n’ont pas les moyens pour financer des séances de supervision, ni le temps pour participer à des séances d’Intervision régulières


L’installation en libéral : un projet à construire sur le long terme 


Pour finir, nous avons voulu savoir savoir quels professionnels les jeunes diplômés souhaitaient être dans 10 ans. La réponse est sans appel puisque la majorité souhaite être à temps pleins en libéral (idéalement dans une grande ville) comme nous explique Lucie : « Je suis déjà installée en libéral et c’est un vrai plus dans ma pratique. A terme, dans quelques années, je souhaite passer à temps plein mais je ne souhaite pas être seule dans un cabinet ». Romane partage également ce souhait : « Si j’en viens un jour à me mettre en libéral, je souhaite que cela se fasse dans un pôle santé ou dans un espace avec des anciens camarades/amis. Je ne souhaite pas être seule et je souhaite partager ma profession avec différents professionnels (psychologue ou autres professions) ». 


NOS CONSEILS POUR TROUVER UN EMPLOI : 


  • Cherchez un poste dès votre diplôme en poche (si possible un peu avant !) 
  • Soyez mobile et polyvalent 
  • N’hésitez pas à faire des formations complémentaires pour étoffer votre CV et découvrir d’autres outils thérapeutiques 
  • Participez à des colloques et séminaires pour continuer à vous former et gonfler votre carnet d’adresses 
  • Renforcez vos contacts sur vos lieux de stages 
  • Ayez confiance en vous