Bande – Dessinée : Blast, de Manu Larcenet

Voyage marginal jusqu’aux Moaï

Manu Larcenet nous livre en quatre tomes une magnifique Bande Dessinée, publiée depuis 2009 chez Dargaud.

Il nous embarque dans un voyage aux côtés de son personnage Polza Mancini, écrivain obèse au lourd passé psychiatrique, choisissant la marginalité après le décès de son père. On le suit dans ses pérégrinations, ses recherches mystiques, ses obsessions, ses pulsions morbides et ses transes alcoolisées, cherchant à oublier son corps encombrant qu’il déteste, allant jusqu’à le lacérer parfois.

Moments de contemplations de la nature, recherche de la solitude pour fuir la souffrance, irruption de la violence et de la misère, tout au long d’une enquête policière, les dessins soutiennent à merveille le propos et surtout permettent d’exprimer l’indicible: la lourdeur des corps, l’insupportable souffrance, les hallucinations, etc.

Polza vit ses premiers Blast à la mort de son père. Un blast, c’est « un craquement d’abord, dans ma tête… exactement le même son insupportable d’un os qui se casse… puis c’était comme si un trou s’était ouvert au sommet de mon crâne… j’étais aspiré au dehors… une fatigue primale remontant de ma naissance Je pesais cent fois mon poids, je vous laisse imaginer! » (Tome 1, p43)

Cette description de la folie, de la marginalité, avec toute la violence mais également toute la poésie que cela comporte, mérite d’y jeter un œil et de se laisser embarquer dans cette histoire complexe, avec ce personnage aussi attachant que repoussant.

Pour écouter une petite interview de l’auteur, avant d’aller vite emprunter Blast à la médiathèque!