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Tony Lainé est psychiatre et psychanalyste qui a beaucoup travaillé avec les enfants. Connu pour son engagement, il a également tourné plusieurs films et documentaires aux côtés de Daniel Karlin. Voici pour découvrir son héritage, une retranscription de colloque et un court extrait d’un des documentaires auxquels il a participé.

 

ARGUMENT

L’évolution de notre société favorise un climat qui rend plus que jamais actuelle l’exigence rappelée par Tony Lainé : « Il faut lutter contre notre propre fascisme ». C’est cette revendication, forgée après la Deuxième Guerre mondiale, qui a soustendu la refondation de la psychiatrie française pour écarter la ségrégation déshumanisante de la folie. La psychiatrie et la pédopsychiatrie publique actuelle, bâties dans les 50 dernières années, en sont le résultat – plus ou moins abouti. Aujourd’hui, notre champ professionnel, nos pratiques de soins et leur avenir se confrontent à la transformation de leur environnement. Les pressions sur les pratiques et le malaise dans la transmission, légitiment l’urgence d’une réflexion mobilisatrice, concrétisée entre autre par la vitalité de certains Collectifs, Appels et autres États généraux… Actuellement, la neuropsychiatrie positiviste, fondée sur les preuves statistiques, tend à remplacer la clinique de la psychopathologie par une gestion bio-éducative du symptôme, négligeant la causalité psychodynamique, voire même la dimension psychique du sujet. Plus globalement l’espace public est envahi de messages néolibéraux chaotiques qui souvent renforcent les pulsions transgressives des personnes fragiles. L’évaluation statistique ne génère pas de valeur humaine tant nécessaire dans les situations précaires, alors comment s’étonner que la psychiatrie – reflet de la société – soit elle aussi « en crise » ? Nous ressentons le besoin de défendre et de repenser nos pratiques, comme a pu le faire – en son temps – Tony Lainé, dans le souci de l’autre et dans la solidarité avec la folie. Il avait démontré, en tant que psychanalyste, qu’en s’appuyant sur la culture, la création, la formation dans l’esprit de l’éducation populaire, on trouvait des sources vives pour subvertir la force des inerties. Il a esquissé une manière d’être en mouvement pour l’homme dans le monde à travers la notion de « l’agir ». Lui-même, ses collègues et leurs partenaires, ont bâti le réseau des dispositifs de soins alternatifs, novateurs, souples et ouverts, tout en favorisant la prévention. Il est pertinent de revenir sur cette période, dont les effets sont encore très présents dans notre quotidien professionnel. Rappeler ses pratiques novatrices, son éthique, son «souci de l’autre», les réalisations des équipes qu’il a animées, les films qu’il a tournés, nous permettra de penser la psychiatrie aujourd’hui. Ce n’est pas qu’une pensée de spécialiste, elle s’ouvre sur la société, l’éducation et la culture. L’œuvre de ce pionnier de la psychiatrie de l’enfant qu’était Tony Lainé, soucieux de transmettre sa pratique, son éthique, et son amour de l’humain, garde toute sa fécondité.

Colloque « La raison du plus fou, Tony Lainé, pense la psychiatrie aujourd’hui »

 

« Frédéric passe avec le temps et le vent et reste dans les rêves » est la suite de « Ouvrez moi cette porte ou je frappe en pleurant », diffusé Le 6 mai 81, dont on revoit quelques extraits au début de l’émission.Pour suivre l’évolution de ce jeune enfant atteint d’autisme, Daniel KARLIN l’a filmé trois jours par saison, de janvier 1980 à janvier 1981 : en hôpital de jour où il est suivi par le psychiatre Tony LAINE et des éducateurs spécialisés, avec son père et sa grand-mère, sa mère MICHELINE et sa nourrice madame MARTINEZ. Cette émission permet de suivre le « travail de reconnaissance… l’enfant ne parle toujours pas… et pourtant…sous ses cris, on discerne des mots…comme si le désir de communiquer devenait peu à peu plus fort que sa volonté de dissimuler ». L’intérêt de l’émission réside aussi dans les réactions de Frédéric face à la caméra et du rôle que celle-ci peut jouer dans la guérison d’un enfant autiste. Tony LAINE pense que « la caméra a un effet de narcissisation qui permet aux enfants de s’accepter et de retrouver l’amour de soi. Frédéric avait la sensation d’être au sein d’une représentation où il devait jouer un rôle important ». 

Extrait de « Janvier 1980 – janvier 1981 : « Frédéric passe avec le temps et le vent, et reste dans les rêves »