UN PSY + UN PAYS = UNE EXPERIENCE PAR DELA LES FRONTIERES. Nous poursuivons notre tour du monde des psychologues et pour cette rentrée nous sommes allés en Belgique à la rencontre de Gerald.


« Le titre de psychologue est bien évidemment protégé, mais le titre de clinicien l’est lui aussi. »


Ce voyage autour du globe a pour objectif de documenter et éclairer sur ce que peut être la pratique professionnelle de la psychologie ici et ailleurs. Si vous exercez dans un autre pays que la France métropolitaine, écrivez-moi à [email protected], avec Psycogitatio nous nous ferons un plaisir de partager votre témoignage.


Notre psy


Gerald Maes

Bonjour, je suis Gerald Maes. Il me revient le plaisir de vous parler du métier de psy en Belgique.

Je suis belge, mais j’ai la particularité d’avoir fait mon cursus de psychologue en France. Je me suis spécialisé dans un premier temps dans la prise en charge du burn-out et du stress professionnel. Je travaille principalement en libéral, mais aussi sous convention dans une clinique spécialisée dans la prise en charge du stress et du burn-out.


Par ailleurs, je donne des formations sur cette thématique aux psychologues, ainsi que sur la thérapie ACT. Je travaille aussi comme psy en ligne avec quelques personnes. Je suis installé à une trentaine de kilomètres de Bruxelles. J’ai encore pas mal de projets en tête, enseigner la psycho ou me diriger vers une thèse…. Encore des choses à réaliser.


Son parcours de formation


Bruges

J’ai réalisé mes études de psy sur le tard. J’ai repris en 2012 via l’Institut d’Enseignement à Distance (IED) de l’université de Paris 8, des études que j’ai terminées en 2019. C’était pour moi la seule possibilité de faire ces études, sans devoir arrêter de travaille. Le système d’enseignement n’est pas aussi souple qu’ailleurs à ce niveau. Cette reprise d’études faisait suite à une décision de me réorienter professionnellement. J’avais déjà obtenu un master en communication en 2002 et donc déjà eu une expérience professionnelle conséquente dans divers domaines (médiation, communication interne, gestion de projets, management, …). Je pensais au départ me diriger vers la psychologie du travail. J’ai finalement opté pour la psychologie clinique et la psychothérapie.


Bon à savoir pour travailler en tant que psy en Belgique


Les psys en Belgique


Avant toute chose, je dois un peu vous expliquer la situation « complexe » de la Belgique. Nous avons 3 langues nationales (néerlandais, français et allemand). Le pays est divisé en 3 régions (liés au territoire), 3 communautés (liées à la langue et à la culture), chapeautées par un gouvernement fédéral. En gros 7 gouvernements pour diriger le pays…. Ce qui complique légèrement les choses.

Atomium, Bruxelles

Les mentalités sont différentes, au nord et au sud du pays, la culture néerlandophone est différente de la culture plus latine/francophone. Cela se ressent en matière de politique de soins psychologiques. Il y a une forte tendance à suivre « l’evidence based medecine » en matière de soins psychologiques. Les techniques TCC et thérapies brèves sont donc plus ou moins favorisées, la systémie est très présente aussi. Les soins psychologiques sont remboursés par le système de mutualité (qui est différent du système français). Des programmes sont lancés pour établir des trajets de soins spécifiques sur base de prescription faite par le médecin généraliste.


Le paysage « psy » à fortement changé depuis quelques années, une loi, votée en 2014 a complétement redistribué les cartes et donc le fonctionnement des soins. Le titre de psychologue est bien évidemment protégé, mais le titre de clinicien l’est lui aussi. Un psychologue du travail ne peut donc pas, a priori, faire de la psychothérapie. Seuls les cliniciens, les médecins et les orthopédagogues y sont autorisés.

La distinction entre psychologue et psychothérapeute est elle aussi plus clairement définie. Cela a donné lieu à une bataille juridique entre ceux qui se donnaient le titre de psychothérapeute, sans être formé à la psychologie au niveau universitaire. Il y a pour le moment une période transitoire, mais les choses ne sont toujours pas claires. Pour ma part, je bataille toujours pour faire reconnaitre ma qualité de clinicien auprès des autorités régionales, même si je suis officiellement reconnu psychologue en Belgique. Avec certains collègues, nous allons certainement devoir passer chez un avocat car les obligations ne sont pas claires. Bref, encore une histoire belge.


Beaucoup de discussions sont en cours, les crises politiques pour former un gouvernement et la crise Covid n’ont pas aidé à faire avancer les choses. Il est clair qu’un troisième cycle devient de plus en plus « désiré », pour ne pas dire obligatoire, dans la recherche d’un emploi. Le métier est donc en évolution dans le pays.

En termes de débouchés, il y a, comme dans beaucoup d’autres pays, soit le travail en libéral, soit sous contrat, soit dans les instances publiques. Les possibilités sont diverses et les salaires apparemment plus élevés qu’en France.


Les études


Galerie, Bruxelles

Les études en Belgique sont accessibles et aucune sélection n’a cours, comme en France. A ce propos, de nombreux français passent la frontière. Cela pose des soucis depuis quelques années en matière d’organisation et de possibilités de stages. Il y a quatre universités francophones qui proposent le cursus complet.

Les études durent actuellement cinq ans, mais des changements prévus pour 2022 allongeront le temps, du moins pour la spécialisation de clinicien.

Si vous désirez exercer en Belgique, il vous faudra d’abord obtenir la reconnaissance de la Commission des psychologues de Belgique. Puis, selon la région où vous habitez/exercez, obtenir la reconnaissance de votre diplôme. A cette condition, vous pourrez demander le visa de clinicien au niveau du gouvernement fédéral. A partir de 2022 (mais dans les faits, déjà maintenant cela pose problème) il faudra aussi obtenir un agrément spécifique des instances régionales. Actuellement, c’est assez compliqué pour plusieurs psys ayant obtenu le diplôme à l’étranger, mais nous essayons de faire bouger les choses.


Un psy + un pays = une alchimie et des envies


Gerald Maes

La Belgique étant mon pays, je ne peux que vous vanter son esprit bon vivant, sa gastronomie ou sa culture de la fête…. Mais je ne vous recommande pas le climat. Les gens sont de bons vivants et vous pourrez certainement y vivre de belles expériences. On sent aussi un changement de mentalité dans le fait de voir un psy. Les gens deviennent plus ouverts à la chose.


Pour ma part, grand voyageur, l’expatriation m’a toujours chatouillé, et peut-être qu’un jour je sauterai le pas de partir ailleurs. J’y pense de plus en plus et je regarde régulièrement les annonces. Si vous vivez au soleil et que vous cherchez un collègue faites signe !


Le pays de Gérald vous attire !?


Voici quelques liens à visiter pour préparer votre projet!

Maison du Port, Anvers
  • Les atouts de la Belgique :

https://www.courrierinternational.com/article/conseils-dix-raisons-de-sinstaller-en-belgique

  • La commission des psychologues :

https://www.compsy.be/fr/criteres-dinscription

  • Le service public fédéral utile pour obtenir le visa de psychologue clinicien :

https://www.health.belgium.be/fr/psychologues-cliniciens

  • Un guide pour se lancer en tant qu’indépendant en Belgique, rédigé par Thibault van Renynghe à consulter ici.

Retrouvez les pays que nous avons déjà parcourus :

Photos fournies par Gerald & Pixabay.